Version française / Esperanta versio
PROLOGUE
(facultatif)
Première partie
LUI: Ce soir... (les 3 coups) Théâtre !
ELLE: Théâtre !
LUI: Il vous sera présenté...
ELLE: Une pièce !
LUI: ...Que vous regarderez...
ELLE: Avec vos yeux !
LUI: Ce soir...
ELLE: 2 comédiens joueront !
LUI: Moi !
ELLE: Et moi !
LUI: Ce soir, donc...
ELLE: 2 comédiens joueront !
LUI: Elle et moi !
ELLE: Lui et moi !
LUI: Récapitulons : ce soir...
ELLE: 4 comédiens joueront !
LUI: Elle, moi et toi !
ELLE: Lui, moi et toi !
LUI: Cela fait donc...
ELLE: 6 comédiens !
LUI: Nous !
ELLE: Nous !
LUI: Or, "nous" représentant de 2 personnes à une infinité de personnes
: donc, ce soir...
ELLE: Une infinité de comédiens joueront !
1: Une infinité de comédiens joueront !
2: Une infinité de comédiens joueront !
3: Une infinité de comédiens joueront !
(Des tas de comédiens arrivent, envahissant l'avant-scène)
&: Une infinité de comédiens joueront !
Deuxième partie
Z: Infini, ie (du latin infinitus). I.adj.
1. Qui n'a ni commencement, ni fin. ex : Dieu est
infini. - Qui n'a pas de limite, sans bornes.
ex : espace ou durée infinis.
En mathématiques : l'infini qualifie un ensemble E tel qu'il existe une partie
P2 de
E qui contienne strictement une partie quelconque P1 de E. ex : l'ensemble
des nombres entiers est infini. 2. D'une quantité,
d'une intensité, d'une grandeur très considérable. ex : infinie
variété d'objets ; la
distance infinie des astres ; une
voix d'une infinie douceur. Synonyme : extrême.
II.n.m.
1. Ce qui est ou ce que l'on suppose être sans limites. ex : tenter
d'imaginer l'infini. 2. Ce qui paraît infini.
ex : l'infini de la steppe.
3. loc. adv. À l'infini : sans qu'il y ait de fin. ex : multiplier
à l'infini... etc.
Et maintenant, spectacle !
(Ouverture des rideaux)
ACTE I
(Salle de couleur neutre ; 4 murs sans ouverture qui partent vers le haut sans être stoppés par un plafond. La salle est quasiment vide, seuls quelques cubes noirs et blancs et des sphères transparentes de différentes tailles éparpillés dans la salle. 5 personnages, tous habillés de la même façon, d'une couleur unie ; ils peuvent éventuellement porter un masque neutre. Tous dorment, excepté B qui s'amuse à taper de façon irrégulière, vaguement rythmique, sur un verre avec une petite baguette métallique.)
C: (ouvrant les yeux et de
mauvaise humeur) Mais cesse donc de taper sur
ce verre ! C'est crispant ! (B continue) Cesse, je te dis ! (C prend le verre
et le brise)
B: Mais c'était notre dernier verre !
C: J'en ai rien à faire !
B: Mais comment va-t-on boire maintenant ?
C: Il suffira de boire avec les mains... (regardant
vers le haut) De toute façon, il n'y a même
plus d'eau !
B: Si, il en reste un petit filet, là, contre le mur.
A: (brusquement)
C'est étonnant, auparavant il en coulait au milieu de la pièce et dans le
coin !
C: Tiens ! Tu ne dormais pas ?
A: Comment voulez-vous dormir avec tout le bruit que vous faites ?
C: (désignant B)
Mais c'est celui-ci, avec son verre, qui...
A: Bah ! Peu importe, ce qui est fait est fait ; je ne dors plus maintenant.
(Long silence)
B: Eh ! J'ai une idée ! Il en reste deux : peut-être pourrait-on...
A: Ah oui, pourquoi pas ? Je vais voir si...
C: (de manière vive)
Non ! Laissez-moi m'en occuper ! (C s'approche
de D) Il faut faire ça en douceur... (C prend délicatement la main de D et pose son nez dessus) Petite chose endormie, m'entends-tu ? (D
ouvre les yeux) Oh ! Quels globes oculaires !
D: Où suis-je ?
A: Tu es ici !
B: Tu es là !
C: (rêveur) Moi,
je ne sais pas où je suis, mais toi, tu es en face de moi...
A: Et pour l'autre ? Comment fait-on ?
C: (jette un regard rapide sur E endormi, puis
sur un ton méprisant) Tu n'as qu'à le faire
toi-même ! (ses yeux retournent vers D) Aaah ! Quel regard éblouissant....
D: Mais je ne comprends pas...
C: Il n'y a rien à comprendre, je suis totalement ébloui...
D: (retirant sa main)
Mais cesse donc ce jeu irritant ! (s'approchant
de A et B) Sincèrement, où sommes-nous ?
A: Entre 4 murs !
D: Cloîtrés ?
B: Non, ça part vers le haut...
D: Et nous ne sommes que quatre ?
A: Non, il y a ça...aussi. (A désigne E)
B: On s'en occupe ?
A: Tu peux le faire !
B: (frappe sur l'épaule de E avec son doigt) Éh ! Toi ! Tu dors ?
E: Qui ça, moi ?
B: Oui, toi !
E: Ben non, je ne dors plus, maintenant... Voilà ! Coucou, vous tous !
B: Coucou !
D: Coucou !
A: Coucou !
E: (regardant C)
Et toi, tu ne me dis pas "coucou" ?
C: (sèchement) Oui,
coucou ! (silence)
Et puis d'ailleurs, qu'est-ce que ça veut dire "coucou" ? Rien du
tout, cela ne veut rien dire, c'est complètement insensé...
D: Mais ne sois donc pas comme ça !
C: Pour toi, je serai comme tu voudras !
D: Arrête, je te dis !
(Silence)
B: (s'exclamant)
Maintenant que l'on est tous là, qu'est-ce qu'on va faire ?
A: Comme d'habitude !
B: (naïvement) C'est-à-dire
?
C: (agacé) Ce que
tu veux !
B: Bon, eh bien alors je vais prendre les cubes et les sphères, et puis je
vais les mettre les uns par dessus les autres dans un coin, et ensuite je ferai...
C: (hurlant d'énervement)
Tu feras ce que tu voudras mais tu nous laisse tranquille, compris ? (B reste muet)
(Long silence, très longue attente durant laquelle
B s'occupe avec les cubes et les sphères. B commence à s'ennuyer ; les autres
attendent patiemment, quasiment figés, ils n'ont pas l'air de s'ennuyer. E
regarde C, tandis que C regarde D, qui n'a pas l'air d'apprécier cela. A découvre
ou redécouvre la pièce ; idem pour D)
A: Point !
B: Quoi ?
A: L'eau a disparue !
(Silence)
D: Hum...
C: Chut !
D: J'ai soif !
E: Moi également !
B: Moi aussi, un peu... je crois.
A: Je vais vous trouver ça ! Il doit bien rester un petit filet d'eau quelque
part... (A cherche dans tous les coins, soulève
chaque cube) Point ! Je n'en trouve pas ! Je n'en
trouve pas !
B: De quoi ?
A: De l'eau, évidemment !
C: Comment ça ? Il n'y a plus d'eau ?
A: Voilà enfin que l'autre saisit, maintenant ! Eh oui, en effet, cette eau
qui venait de je ne sais où a décidé de faire des siennes et d'arrêter de
couler ! (A prend une sphère transparente avec
laquelle B était en train de s'amuser)
B: Eh ! Ma sphère !
A: (s'adressant vers le haut)
Eh! Oh ! Maudite eau, tu as intérêt à descendre ! (A
lance la sphère de toutes ses forces vers le haut et la regarde partir en l'air
; long silence ; rien ne redescend) Elle ne retombe
pas !
D: Où a-t-elle bien pu partir ?
B: Peut-être qu'elle s'est brisée en l'air...
A: Mais non ! Assombri ! (A prend une autre sphère
et la jette violemment contre le sol ; celle-ci ne se brise pas, elle roule
à terre) Tu vois bien... Et puis quoi qu'il en
soit, on aurait entendu quelque chose ! (silence) Eh ! Toi !
B: Moi ?
A: Oui, toi ! Je vais monter sur un cube pour te porter plus haut ; et toi,
tu escaladeras le mur, d'accord ?
B: D'accord ! (A pose le plus gros des cubes contre
le mur et fait la courte-échelle à B)
A: Alors ? Accroche-toi !
B: Je n'peux pas ! Le mur est lisse ! Complètement lisse !
A: Je ne sais pas, moi... Enfonce tes ongles dans le mur, trouve un trou, saute...
B: Impossible ! (B redescend)
A: Il va falloir chercher un autre moyen de trouver de l'eau...
(Silence)
D: Peut-être qu'il y en a autre part...
A: Où ça, "autre part" ?
D: Autre part, euh... Je ne sais pas, autre part, hors de ces quatre murs...
(Silence)
A: Bonne idée ! Sortons par la porte ! (A regarde
autour de lui) Mais il n'y a pas de porte ! (A regarde de nouveau autour de lui)
Ni de fenêtre ! (A se met à quatre pattes et
cherche désespérément contre le mur) Pas même
une fissure ! (les autres regardent A) Eh bien, quoi, vous autres ? Qu'est-ce que vous avez à me regarder
comme ça ? Aidez-moi, plutôt ! Il n'y a pas la moindre ouverture ! (s'emportant) Cela fait je ne
sais combien de temps que je suis là et je n'avais toujours pas remarqué qu'il
n'y avait pas de porte. C'est incroyable, non ? (A
s'arrête, les autres regardent A médusés ; silence ; les autres cessent de
regarder et retournent à leurs occupations. A prend le gros cube et s'en sert
d'estrade pour un discours) Écoutez-moi bien,
camarades ! (seul B l'écoute)
Je résume la situation : primo, nous sommes depuis longtemps dans la même
salle, sans aucune ouverture...
C: (sans détourner son regard) Faux, c'est ouvert vers le haut !
A: Certes, mais il nous sera difficile de sortir par ce haut qui n'en finit
point : notre première tentative pour cette solution s'est révélée inefficace.
Secundo, nous sommes à court d'eau et nous commençons à avoir soif. Il faut
donc que...
B: Tertio, on s'ennuie !
A: Hum... je disais donc : il faut que l'on parvienne à sortir de là afin
de voir s'il y a de l'eau ailleurs. Notre situation se résume donc en une phrase
: il faut que l'on sorte d'ici !
C: (ironiquement)
Afin de se changer les idées, n'est-ce pas ?
A: Que ceux qui sont avec moi lèvent la main et se prononcent !
B: (lève la main à s'en arracher le bras) Moi, moi, moi !
(Silence)
D: (lève la main mollement)
Moi...
(Silence)
A: Eh bien, trois contre deux ; c'est la majorité qui l'emporte. Allons, levez-vous
! Nous allons faire un bélier pour créer une ouverture dans l'un de ces murs
!
B: (se lève aussitôt)
A vos ordres !
D: Sans façon, pour ma part, je ne m'en sens pas vraiment la force...
A: (à E) Et toi
?
E: Oh, je n'ai plus tellement soif ! Ce n'est pas la peine de se donner tant
de mal pour trouver de l'eau, je peux m'en passer. Elle reviendra bien tôt
ou tard. Et puis d'ailleurs... on est bien ici !
C: Tout à fait ! Cela ne sert à rien d'aller autre part, si c'est seulement
pour se bouger. On a tout ce qu'il nous faut ici !
B: Sauf de l'eau !
(Silence)
A: Bon... eh bien alors, on va s'en occuper tous les deux ; car NOUS, au moins,
on se donne la peine de faire des efforts !
C: Exactement !
A: Eh bien, voyons d'abord quel est le mur le plus creux... (A
va frapper doucement chaque mur en collant son oreille dessus) Point ! Tous sonnent pleins, pas un qui diffère des autres !
(silence) Bon, on
va essayer d'abord celui-là, par hasard...
(A
et B se préparent à enfoncer le mur, ils se précipitent vers lui, mais au
dernier moment, avant même qu'ils ne touchent le mur, une ouverture rectangulaire
s'ouvre dans celui-ci ; il en sort une lumière extrêmement puissante)
A, B et D: Wow... !!! (tous regardent ébahis ;
C se retourne pour regarder mais feint l'indifférence)
A: (à B) Regarde
ce qu'il y a à l'extérieur !
C: Sûrement rien de plus intéressant que ce qu'il y a ici...
A: (à B) Alors,
qu'est-ce qu'il y a ?
B: (passant sa tête par l'ouverture) Je ne vois rien ! Cette lumière m'aveugle !
A: Mets ta main au-dessus de tes yeux !
B: Ça y est, je vois ! On dirait un couloir !
C: Qu'est-ce que je disais ? Sans intérêt...
B: ...Sans aucune porte sur les côtés !
C: De plus !
B: C'est un couloir qui n'en finit pas !
C: (se levant et s'approchant de l'ouverture) Fais voir ! Vite ! (C pousse B et
regarde par l'ouverture en parant la lumière avec sa main sur son front ; C
retire sa tête, puis regarde les autres ; silence)
...Un couloir sans fin !
ACTE II
Scène 1
(Long couloir de couleur neutre, sans porte mais plafonné ; seule l'ouverture dans le mur, d'où l'on entend les personnages)
A: Alors, on y va ?
D: Ben... Où est-ce que ça mène ?
A: Je n'en sais rien, mais il faut bien que l'on aille quelque part !
B: Je commence à faire les préparatifs ! Alors, il nous faudra un cube, au
cas où l'on en aurait besoin ; et puis une ou deux sphère pour pouvoir...
A: Inutile de prendre quoi que ce soit ! On a besoin de rien ! ...Sauf de l'eau
; or l'eau est l'objet de notre quête !
B: Bon...
(Silence)
A: (à D) Alors,
est-ce que tu viens ?
D: Bien sûr !
A: (à C) Et toi
?
C: Euh... oui, je viens. Mais on partira un peu après vous...
A: Eh bien, dans ce cas, allons-y !
(B sort et A commence à sortir par l'ouverture)
E: Vous me laissez donc seul(e) ?
A: Tu voulais partir ?
E: Je ne sais pas... peut-être...
A: Si tu te décides, tu n'auras qu'à suivre les autres !
(A et B partent ; silence)
D: On y va, maintenant que les autres sont partis ?
C: Oh, on a le temps ! (court silence) En fait, j'étais resté simplement pour te dire que j... (cette phrase semble insupportable pour E)
D: Oh, non ! Tu ne vas pas t'y remettre ! Tu t'étais calmé pendant un moment,
et voilà que tu recommences !
C: Oui, mais...
D: Ça suffit, je m'en vais, j'en ai assez ! (D
sort précipitamment)
C: Non, je te suis. Je resterai calme, je te l'assure ! (C
sort)
E: Eh ! Attendez-moi ! J'arrive... (E sort également)
Scène 2
(A et B marchent dans le couloir)
B: Qu'est-ce qu'on fait précisément, là ?
A: On marche !
B: Oui, mais plus précisément ?
A: On marche dans un couloir ! (court silence) Toi, tu regardes à droite s'il y a une porte, et moi, je regarde
à gauche !
(Silence)
B: Et puis après ?
A: On continue de marcher !
(Silence)
B: Vers où va-t-on ?
A: Vers l'avant !
B: Oui, mais où ?
A: On va là où il y aura de l'eau !
B: Et c'est où qu'il y aura de l'eau ?
A: (s'emportant)
Mais vas-tu arrêter à la fin avec tes questions insensées ! On avance, et
je n'en sais rien où l'on va. Voilà tout, ça te suffit ?
(B s'abstient de répondre ; ils marchent, longtemps,
très longtemps ; au fur et à mesure, on voit leurs forces diminuer et la soif
les harasser ; la lumière se fait de plus en plus vive et puissante ; à leurs
yeux, tout commence à devenir trouble et flou, ils titubent presque)
B: J'ai soif...
(A ne répond pas ; ils continuent leur marche
pénible ; tout à coup A s'effondre en tombant en avant, s'évanouissant de
soif et par manque de force)
B: On peut s'arrêter un instant pour se reposer ?
(B n'obtient pas de réponse ; silence ; A reprend
ses esprits puis essaie de se relever péniblement en s'appuyant contre le mur)
A: On n'y arrivera jamais, ça ne sert à rien de continuer, ce couloir n'a
pas de fin, je n'en peux plus, je reste là...
(A parle pour lui-même car B ne l'écoute même
pas, mais regarde en arrière)
B: C'est étonnant, on ne voit toujours pas les autres arriver ! Ils doivent
être rudement loin derrière ...ou alors, ils ne sont pas encore partis...
(A s'affaisse dos au mur en laissant glisser ses
mains contre la mur ; en faisant glisser ses mains, A a senti quelque chose
sur le mur ; marque d'étonnement ; A se met alors à tâter, l'air soucieux,
quelque chose de solide dans le vide, il s'agit d'une poignée invisible)
A: (paniqué) Eh
! Regarde ça !
B: Où ça ?
A: Là, regarde !
B: Mais il n'y a rien. Tu as sûrement des visions...
A: Non ! Touche, là !
B: Mais quoi donc ?
A: Le vide !
B: Quel vide ? Le vide, je le touche sans cesse sans le toucher ! Le vide, on
ne le voit pas, alors qu'il est juste devant nos yeux ! Nous sommes dans le
vide ! Comment veux-tu alors que je l'attrape, le vide ? On ne peut pas l'attraper
!
A: Ah bon ? On ne peux pas l'attraper ? (A agrippe
la poignée invisible) Eh bien qu'est-ce que c'est
que cela, si ce n'est pas du vide ? (A tire dessus
de toutes ses forces, un pied appuyé contre le mur)
B: Fais voir ! (B tâtonne le mur, puis réussit
à attraper la poignée) Une poignée invisible
! (B la tire de toutes ses forces, puis ils se
mettent à deux pour la tirer, mais ils abandonnent vite)
A: C'est étrange, ça doit bien servir à quelque chose !
(A réessaie en poussant dessus de toutes ses forces,
puis de nouveau abandonne ; tandis que A reprend ses forces, B se met alors
à tourner la poignée jusqu'à ce qu'elle bloque, puis tire dessus ; une porte
s'ouvre)
A: Une porte, enfin !
Scène 3
(D marche d'un pas rapide, C court derrière)
C: Attends-moi ! Arrête-toi ! Vois, je suis sage maintenant
! (D s'arrête, et C arrive à son niveau) Merci, je t'en suis très reconnaissant !
D: Toi et ton idée de partir après ! On ne les voit même plus, je me demande
comment on va bien pouvoir faire pour les rattraper ! Mais...
C: Je suis désolé...
D: Maintenant, j'espère que tu vas rester calme comme tu me l'as promis !
(Ils marchent longtemps ; E les rejoint discrètement,
mais reste derrière eux ; C et D ne s'en rendent même pas compte ; au bout
d'un moment, D se retourne)
D: Ah ! Tu es là, toi ? Viens avec nous !
E: Non, merci, ça va...
D: Tu es sûr(e) ? Bon, ben, comme tu voudras...
(D se retourne et ils reprennent leur marche)
C: Ces murs...
D: Quoi, ces murs ?
C: Ces murs...
D: Oui, ces murs, eh bien qu'est-ce qu'ils ont ? Ce sont des murs, un point
c'est tout !
C: Ces murs sont...
D: Quoi donc ?
C: Ces murs sont... (silence, puis C s'emporte) Ils sont qu'ils me sont insupportables, parce qu'ils sont parallèles,
même trop parallèles ! Voilà ce qu'il y a !
D: Eh bien, quel est le problème dans le fait qu'ils sont parallèles ?
C: Deux murs parallèles sont deux murs qui ne se rencontreront jamais : cela
veut dire que ce couloir ne débouche sur rien ! Nous sommes sans issue...
D: Mais non, voyons, nous avons justement une issue devant nous. Ne sois donc
pas si pessimiste !
C: Mais c'est impossible, je te dis !
D: Allons, il y a une fin à tout, tu verras !
C: Je ne verrai rien ! Rien qu'un long couloir monotone !
(Silence ; ils se remettent à marcher, et
leur marche comme à devenir de plus en plus difficile)
E: Je n'ai plus de force...
D: Moi non plus... (à C)
Pas toi ?
C: (épuisé) Moi
? ...Non, pas du tout ! (silence) Tu es vraiment sûr(e) qu'ils sont partis dans cette direction
? ...car on ne les voit plus du tout, ils ont complètement disparu !
D: Mais oui, j'en suis sûr(e) ! Ne vous en faites pas, on va arriver à les
rattraper.
C: Bah ! De toutes façons, ils ne me manquent pas trop, ces deux-là...
(Ils continuent de marcher)
ACTE III
Scène 1
(Salle sans mur, ni plafond, seule l'ouverture discrète de la porte se devine sur le côté ; sol à carreaux noirs et blancs ; légère brume ; A et B sont déjà à l'intérieur)
A: (criant) Hé ! Ho ! Y'a quelqu'un ? (silence
; à B) Tu as entendu ?
B: Quoi ?
A: Tu as entendu quelque chose ?
B: Non, rien, je n'ai rien entendu.
A: Eh point, c'est bien ce que je me disais !
B: (inquiet) Eh bien,
que se passe-t-il ?
A: Il n'y a pas d'écho !
B: (rassuré) Ah
! Ce n'est que ça. Tu m'as fais peur... (court
silence) En quoi cela te gêne tellement le fait
qu'il n'y ait pas d'écho ?
A: Tu ne te rends pas compte ? Si il n'y a pas d'écho, cela veut dire qu'il
n'y a ni mur ni plafond !
B: Ah ? Je comprends...
(Silence)
A: Couche-toi par terre !
B: Comment ?
A: Couche-toi par terre !
B: Ben pourquoi ?
A: Couche-toi par terre, j'ai dit et pas de questions !
B: (exécutant l'ordre)
Voilà, ça y est, je suis par terre. Et maintenant, qu'est-ce que je fais ?
A: Mets tes yeux au niveau du sol !
B: Voilà !
A: Maintenant, dis-moi ce que tu vois !
B: Rien !
A: Rien du tout ?
B: Rien du tout !
A: Pas même l'ombre d'un mur, une silhouette, un objet, une lumière, un carreau
de couleur différente, une ligne, une goutte d'eau, ...quelque chose ?
B: Non, non, rien du tout !
A: (se couche à son tour sur le ventre) T'as raison : rien ! (silence, puis
A se relève) Enfin, faut avouer qu'il y a de
la brume... (à B)
Lève-toi ! On va marcher : peut-être que la brume se dissipera ou que l'on
y verra mieux plus loin.
(Ils marchent tout droit, longtemps)
B: En tout cas, sans mur ni plafond, on pourra plus dire que l'on est coincés,
maintenant...
A: (sec) Tais-toi
!
(Silence ; ils continuent de marcher ; la brume
demeure)
B: La brume n'a pas l'air de se dissiper...
A: Couche-toi par terre !
B: (s'exécutant aussitôt)
Rien à l'horizon !
A: Rien à l'horizon... (silence) Lève-toi, on repart ! (ils reprennent
leur marche, puis accélèrent le pas, puis trottinent, puis courent ; la brume
reste inchangée) À terre !
(Ils se couchent tous les deux à terre en même
temps, puis restent un petit temps dans cette position)
B: Rien !
A: Toujours rien ! L'horizon est vide, éternellement vide... (silence,
puis A se relève en premier) Bon, viens, on fait
demi-tour. Ça ne sers à rien de continuer dans cette direction ; on retourne
dans le couloir prévenir les autres ! (B s'était
déjà relevé ; ils pivotent tous deux en même temps pour faire demi-tour
; B fait un pas, mais A le stoppe aussitôt de son bras ; A reste là, tétanisé,
le souffle coupé) Re... re... regarde ! Devant
nous, regarde !
B: Quoi ? Qu'y a-t-il de si horrible ? Je ne vois rien...
A: La porte !
B: Quoi ?
A: La porte !
B: Où ça, la porte ? On ne voit pas de porte... Où c'est que tu vois une
porte ?
A: On ne vois plus la porte !
B: Mais quelle porte ?
A: La porte par laquelle on est entré, on ne la voit plus du tout !
(Silence)
B: Mais c'est sûrement la brume qui la cache ! Et puis, on a beaucoup marché...
Marchons en sens inverse, on ne peut que tomber dessus !
A: Mais non, te dis-je ! Elle a disparu, c'est un fait ! Nous sommes pour toujours
coincés, ou plutôt perdus dans cette salle : nous n'en sortirons point ! Car
on ne peut pas sortir d'une salle sans mur ni plafond, si ce lieu peut encore
s'appeler "une salle"...
B: Allons, on arrivera bien à en sortir à un moment ou un autre : on ne peut
justement qu'en sortir ! Allez viens, suis-moi !
(B attrape A par le bras et l'entraîne de force)
A: C'est inutile, nous usons nos forces pour rien ! (silence) C'est inutile, te dis-je ! Ça ne sert à rien de continuer à
marcher, cela ne nous mènera nulle part !
B: Et que veux-tu faire, dans ce cas-là ? T'arrêter, t'asseoir par terre,
attendre et te laisser disparaître ici ? Mieux vaut aller quelque part que
nulle part !
(Long silence)
A: (se reprend subitement)
Je sais ! Nous allons nous séparer pour mieux explorer le lieu ! (court silence, puis s'écrie)
Hé ! Ho !
B: Quoi ?
A: Tu m'entends ?
B: Bien sûr que je t'entends ! Tu n'as pas besoin de crier !
A: Tu es sûr que tu m'entends ?
B: Sûr ! Il n'y aurait pas de raisons que je ne t'entende pas !
A: Parfait ! (A réfléchit un instant) Voilà ce que nous allons faire : nous allons nous mettre dos-à-dos,
puis je te crierai : "Hé ! Ho !" et je ferai un pas en avant. A
ce moment-là, tu me répondras : "Hé ! Ho !" et tu feras à ton
tour un pas en avant. Après seulement que tu m'aies répondu, je te recrierai
: "Hé ! Ho !" et je referai un pas en avant... et nous continuerons
ainsi de suite ! De cette façon, nous explorerons les lieux plus rapidement
et sans risquer de nous perdre : tu as bien compris ?
B: Compris !
(Ils se mettent dos à dos)
A: Hé ! Ho ! (A fait un pas)
B: Hé ! Ho ! (B fait un pas)
A: Hé ! Ho ! (A fait un pas)
B: (se retournant)
Eh ! Tu as entendu ? C'était mon écho !
A: Mais non, insensé, c'était moi !
B: Ah ? (B se remet alors dans le bon sens) Hé ! Ho ! (B fait un pas)
A: Hé ! Ho ! (A fait un pas)
B: Hé ! Ho ! (B fait un pas)
A: Hé ! Ho ! (A fait un pas ; ils continuent ainsi
en sortant de la scène chacun de son côté)
Scène 2
(A seul sur scène, la voix de B vient des coulisses)
A: Hé ! Ho ! (A fait un
pas)
B: (au loin) Hé
! Ho !
A: Hé ! Ho ! (A fait un pas)
B: (plus faible)
Hé ! Ho !
A: Hé ! Ho ! (A fait un pas)
B: (encore plus faible)
Hé ! Ho !
A: Hé ! Ho ! (A fait un pas)
B: (réponse quasiment imperceptible) Hé ! Ho !
A: Hé ! Ho ! (très léger murmure au loin) Crie plus fort, je ne t'entend presque plus ! (criant
de toutes ses forces) Hé ! Ho ! (silence) Eh bien quoi, tu me réponds ou non ? Qu'est-ce que t'attends
? (A se retourne)
Et point ! Il fallait s'en douter, on ne voit absolument plus personne ! Peut-être
n'est-il pas encore trop tard... (A se précipite
dans la direction de B) Hé ! Ho ! Hé ! Ho !
Réponds-moi, si tu m'entends ! Hé ! Ho ! (A sort
en court)
Scène 3
(B seul)
B: Hé ! Ho ! (B fait un
pas ; aucune réponse) Hé ! Ho ! (B fait un pas ; aucune réponse)
Hé ! Ho ! (B fait un pas ; aucune réponse) Hé ! Ho ! (B tend l'oreille) Hé ? Ho ? (plus fort) Hé ! Ho ! (silence) Ho ? Hé ? Hé ! Ho ! (silence) Hé ! Hé ! Ho ! Ho ! Hé ! Ho ! (silence) Hum, euh... est-ce que je fais un pas en avant quand tu ne me
réponds pas ? (silence)
Je dois prendre ça pour un "oui" ? (silence) Bon... ben, j'attends. (silence) Tu as trouvé quelque chose ? De l'eau ? Une porte ? ...Autre
chose, peut-être ? (silence)
Tu m'appelles, hein, si tu vois quelque chose ! (silence) Je m'ennuie ! (silence) Bon, qu'est-ce qu'on fait alors ? (B
se retourne) Oh non, ce n'est pas le moment de
te cacher, je ne te vois pas ! C'est toi qui avais dit qu'il ne fallait pas
se perdre : si tu continues comme ça, c'est ce qui va finir par arriver !
(B cherche partout A du regard ; dans le même
temps, A arrive des coulisses en marchant ; ils ne se voient pas et ne s'entendent
pas ; ils parlent en même temps)
B: Où es-tu ? Je ne te vois pas, tu es loin ? Dis-moi où tu te cache, sinon
nous allons vraiment nous perdre ! Tu m'écoutes ? Réponds-moi, je t'en prie
!
A: (parlant en même temps que B) Hé ! Ho ! Hé ! Ho ! Arrête-toi et attends-moi ! Hé ! Ho !
Fais demi-tour au moins, si tu m'entends ! Hé ! Ho ! Hé ! Ho !
(Ils partent chacun de leur côté sans se voir)
Scène 4
(On entend D, C et E arriver depuis le couloir)
D: Ah ! Une porte ! Regardez ! Ils ont dû passer par
là, dépêchons-nous de l'atteindre ! Courage, encore un petit effort, on va
les rattraper ! Peut-être ont-ils déjà trouvé de l'eau...
(On les entend arriver au niveau de la porte)
C: C'est étrange, regardez ! Cette porte n'a pas de poignée : comment ont-ils
bien pu l'ouvrir ?
D: Ce n'est pas cela qui nous préoccupe ! Du moment qu'ils sont parvenus à
l'ouvrir et à entrer à l'intérieur ! Sûrement était-elle déjà ouverte...
(à E) Et toi, hâte-toi
de nous rejoindre ! Allons, entrons !
(Ils entrent et examinent la salle)
C: Quelle grande salle ! On n'en voit pas les limites...
E: Il n'y a pas l'air d'y avoir de l'eau, cela ne sert à rien de rester ici...
D: Cela n'est pas important ! Par contre, je ne vois pas les autres : ce doit
être cette légère brume qui les dissimule...
E: À moins qu'ils ne soient pas restés ici, n'ayant pas trouvé d'eau...
D: Mais non, on les aurait vu dans le couloir !
C: Dites, vous avez remarqué qu'il n'y avait pas d'écho ici quand nous parlons
?
D: Arrête donc de t'attarder sur des détails qui n'ont aucun sens ! Tu te
poses trop de questions inutiles ! (silence) On y va ?
C: Attends ! (C se tourne vers D qu'il prend à
part, ignorant complètement E) Avant que l'on
se remette en marche, j'aimerais te dire quelque chose... (C
prend une grande respiration) Je sais que je manque
à ma promesse, mais je n'ai pas eu le temps de te témoigner ce que je ressentais
réellement pour toi...
D: Ah ! Ç'en est trop ! Je croyais que tu t'étais calmé et que ce rapport
ambigu entre nous était terminés ! Mais si c'est comme ça, eh bien je vais
te le dire ce que je ressens pour toi : rien, le néant, le néant total ! Sur
ce, je m'en vais rejoindre les deux autres insensés, qui le sont toutefois
certainement moins que toi ! Allez, je te laisse avec l'autre ! À jamais !
(D part précipitamment ; C s'apprête à rattraper
D, mais E retient C ; C regarde une dernière fois vers D qui part au loin et
s'efface dans la brume, puis ses yeux reviennent à E ; E fixe C du regard ;
silence)
E: Je sais que... que je ne suis pas identique. Je... je sais que... je sais
ce que tu ressentais pour... Enfin, pourquoi, je veux dire.... le fait que...
Je sais tout ça, je le sais bien ! Mais... étant donné que... que... que
c'est le néant, enfin que... que ça semble être définitif... (l'oreille droite de E s'approche de l'oreille gauche de C) Peut-être que... enfin, tel(le) que je suis, je... peut-être
je pourrais... (leurs deux oreilles sont sur le
point de se toucher, quand au dernier moment C détourne la tête)
C: Nous reparlerons de tout ça plus tard ! Pour le moment, hâtons-nous de
rattraper les autres ! On ne voit plus personne. Allez, courons, il ne faut
pas que nous les perdions de vue !
(Ils se mettent à courir, mais C va beaucoup plus
vite que E)
E: Hé ! Attends-moi ! Tu cours plus vite que moi ! (C
ne l'entend pas) Ralentis ! Je n'arrive pas à
te suivre ! (idem)
Attends-moi ! Attendez-moi ! (E ralentit sa course,
essoufflée, puis s'arrête et regarde C disparaître)
Cela ne sert à rien de continuer, je n'arriverai jamais à les rattraper, ni
aucun, ni les autres ! (E s'assoit par terre) Il ne me reste plus qu'à attendre...
ÉPILOGUE
(facultatif)
Tous les projecteurs s'éteignent. Noir. Une légère lumière verte apparaît au fond de la scène, avec l'inscription "Sortie de secours" au-dessus d'une porte que l'on ne voit pas. La porte s'ouvre, en sort une lumière violente. Un balayeur arrive de cette porte et se met à balayer la scène. Il s'aperçoit soudain que le spectacle n'est pas terminé et qu'il est sur scène ; il salue donc à la place des comédiens.
PROLOGO
(fakultativa)
Unua parto
LI: Ĉi-vespere... (la 3
batoj) Teatro !
ŜI: Teatro !
LI: Estos prezentata al vi...
ŜI: Teatraĵo !
LI: ...Kiun vi spektos...
ŜI: Per viaj okuloj !
LI: Ĉi-vespere...
ŜI: 2 aktoroj ludos !
LI: Mi !
ŜI: Kaj mi !
LI: Ĉi-vespere, do...
ŜI: 2 aktoroj ludos
LI: Ŝi kaj mi !
ŜI: Li kaj mi !
LI: Ni resumu : ĉi-vespere...
ŜI: 4 aktoroj ludos !
LI: Ŝi, mi kaj ci !
ŜI: Li, mi kaj ci !
LI: Tio igas do...
ŜI: 6 aktoroj !
LI: Ni !
ŜI: Ni !
LI: "Ni" signifanta de 2 homoj gxis senfina nombro da homoj : do,
ĉi-vespere...
ŜI: Senfina nombro da aktoroj
ludos !
1: Senfina nombro da aktoroj ludos !
2: Senfina nombro da aktoroj ludos !
3: Senfina nombro da aktoroj ludos !
(Pluregaj aktoroj alvenas, plenigante la antaŭscenejon)
&: Senfina nombro da aktoroj ludos !
Dua parto
Z: Senfin/o Kunmetita vorto, el la prepozicio sen kaj la transitiva fundamenta verbo fini (el la latina finire). ¤ ~eco.
Eco de tio, kio estas sen~a. ekz : la perfektiĝado
de lingvo arta estas ebla ĝis sen~ecoZ. sen~a.
Ne havanta limon, mezuron. ekz : sen~a ĝojoZ, amoZ, sopiroZ ; li ŝerce respondis per sen~aj referencojZ. sen~e. Tiel longe, ke oni ne vidas ~iĝon. ekz : la
tuta societo sen~e kriis k bruisZ ; melku bovon sen~e, li lakton ne
donosZ
; se vi sen~e parolos, de ĝi la poto ne bolosZ... ktp.
Kaj nun, spektaklo !
(Malfermo de la kurtenoj)
AKTO I
(Neŭtr-kolora ĉambro ; 4 senaperturaj muroj, kiuj daŭriĝas supren sen esti ĉesigata de iu plafono. La ĉambro preskaŭ malplenas, nur kelkaj nigraj kaj blankaj kuboj kaj travideblaj sferoj divers-grandecaj dissematas tra la ĉambro. . 5 roluloj, ĉiuj same vestitaj, per unika kolora ; ili povas eventuale surhavi neŭtran maskon. Ĉiuj dormas, krom B, kiu okupiĝas per frapetumado neregula, iom ritma, de iu glaso per metala vergeto.)
C: (vekiĝanta kaj malbon-humora) Sed ĉesu do frapi tiun glason ! Estas incite ! (B
daŭrigas) Ĉesu, mi diras ! (C
prenas la glason kaj rompas ĝin)
B: Sed estis nia lasta glaso !
C: Mi prifajfas tion !
B: Sed kiel oni trinkos nun ?
C: Sufiĉos trinki per la manoj... (rigardante
supren) Ĉiukaze, eĉ ne plu estas akvo !
B: Jes ja, ceteras flueto da, tie, kontraŭ la muro.
A: (subite) Estas
mirige, antaŭe ĝi fluis meze de la ĉambro kaj en la angulo !
C: Jen ! Ci ne dormis ?
A: Kiel dormeblas kun via bruado ?
C: (montrante B-n)
Sed estas tiu, kun la glaso, kiu...
A: Ba ! Ne gravas, estas farite ; nun mi ne plu dormas.
(Longa silento)
B: Ej ! Mi ekhavas ideon ! Restas du aliaj : eble oni povus...
A: Ha jes, kial ne ? Mi tuj kontrolas, ĉu...
C: (impete) Ne !
Lasu min okupiĝi pri tio ! (C alproksimiĝas al
D) Oni devas fari tion kviete... (C
delikate prenas la manon de D kaj ponas sian nazon sur ĝin) Dormanta etulaĵo, ĉu ci aŭdas min ? (D
malfermas la okulojn) Ho ! Kiaj okulaj
globoj !
D: Kie mi estas ?
A: Ci estas ĉi-tie !
B: Tie ci estas !
C: (revema) Mi, mi
ne scias, kie mi estas, sed ci estas fronte al mi...
A: Kaj pri la alia ? Kiel oni faras ?
C: (rapide rigardas al E dormanta, kaj
malestime diras) Tion faru ci mem ! (ĝiaj okuloj redirektiĝas al D)
Haaa ! Kia brila rigardo....
D: Sed mi ne komprenas...
C: Estas nenio por kompreni, mi tute miras...
D: (deprenante sian manon) Sed
ĉesu do tiun icitan ludeton ! (alproksimiĝante al
A kaj B) Sincere, kie ni estas ?
A: Inter 4 muroj !
D: Enfermitaj ?
B: Ne, foriras supren...
D: Kaj ni estas nur kvar ?
A: Ne, estas tio...ankaŭ. (A montras E-n)
B: Oni okupiĝas pri ĝi ?
A: Ci povas fari tion !
B: (frapetas sur la ŝultro de E per
sia fingro) Ej ! Ci ! Ĉu dormas ci ?
E: Kiu, mi ?
B: Jes, ci !
E: Nu ne, mi ne plu dormas, nun... Jen ! Saluton al vi ĉiuj
!
B: Saluton !
D: Saluton !
A: Saluton !
E: (rigardante C-n)
Kaj ci, ĉu ci ne salutas min ?
C: (seke) Jes, saluton
! (silento) Kaj cetere, kion
tio signifas "saluton" ? Tute nenion, estas nenia signifo, tio estas
komplete sensenca...
D: Sed ne estu do tiel !
C: Por ci, mi estos tiel, kiel ci volos !
D: Ĉesu, mi petas !
(Silento)
B: (ekkriante) Nune,
ke ni ĉiuj ĉi-tieas, kion oni faros ?
A: Kiel kutime !
B: (naive) Tio
estas ?
C: (agacita) Kion
ci volos !
B: Bone, nu mi do tuj prenos la kubojn kaj la sferojn, kaj poste
mi tiam metos ilin unu sur la aliajn, ĉe iu angulo, kaj sekve mi
faros...
C: (nervozece kriegante) Ci
faros kion ci volos, sed ci lasu nin trankvilas, ĉu komprenite ? (B mutas)
(Longa silento, longega atendo dum kiu B okupiĝas
per la kuboj kaj la sferoj. B ekenuas ; la aliaj atendas pacience, kvazaŭ
rigidigitaj, ili ne ŝajnas enui. E rigardas C-n, dum tiu rigardas D-n,
kiu ŝajnas ne ŝati tion. A malkovras aŭ remalkovras la ĉambron ; same
por D)
A: Punkton !
B: Kio ?
A: Akvo malaperis !
(Silento)
D: Hm...
C: Ŝŝŝ !
D: Mi soifas !
E: Same por mi !
B: Ankaŭ mi, iom... mi opinias.
A: Mi tuj trovos tion por vi ! Ja devas resti flueto da akvo ie... (A serĉas en ĉiuj anguloj, levas ĉiun kubon) Punkton ! Mi ne trovas ! Mi ne trovas !
B: Kion ?
A: Akvon, evidente !
C: Kion ? Ne plu estas akvo ?
A: Jen finfine ĝi komprenas, tiu-ĉi ! Nu jes, fakte, tiu akvo, kiu venis
el ie, mi ne scias kie, do decidis agi laŭ sia volo kaj ĉesi flui ! (A prenas travideblan sferon, kiu kiu B estis amuziĝanta)
B: Ej ! Mia sfero !
A: He! Ho ! Plaga akvo, ci nepre malsurpenfluu ! (A
per la tuta forto suprenĵetas la sferon kaj rigardas ĝin forsupreniĝi
; longa silento ; nenio malsuprenvenas) Ĝi
ne retrofalas !
D: Kien ĝi do foriris ?
B: Eble ĝi rompiĝis supre...
A: Ne eblas ! Mallumulo ! (A prenas
alian sferon kaj fortege ĵetas ĝin kontraŭ la grundon ; tiu
ne rompiĝas, ĝi rulas surgrunde) Kaj ĉiukaze,
oni aŭdintus ion ! (silence) Ej ! Ci !
B: Mi ?
A: Jes, ci ! Mi tuj suriros iun kubon por cin suprenporti pli alten ; kaj
ci, la muron ci ascendos, ĉu konsentite ?
B: Konsentite ! (A ponas la plej grandan el
la kuboj kontraŭ la muron kaj grimpigas B-n per mana ŝtupo)
A: Nu ? Alkroĉiĝu !
B: Mi ne povas ! La muro glatas ! Tute glata ĝi estas !
A: Nu, mi ne scias... Enigu ciajn ungojn en la muron, trovu truon, saltu...
B: Neeble ! (B malsupreniras)
A: Endos serĉi alian metodon por trovi akvon...
(Silento)
D: Eble estas da aliloke...
A: Kie do, "aliloke" ?
D: Aliloke, be... Mi ne scias, aliloke, ekster tiuj kvar muroj...
(Silento)
A: Bona ideo ! Ni eliru tra la pordo ! (A rigardas
ĉirkaŭ si) Sed ne estas pordo ! (A rigardas denove ĉirkaŭ si)
Nek fenestro ! (A ek-kvarpiediĝas kaj
obstine serĉas kontraŭ la muron) Eĉ ne fendeto
! (la aliaj rigardas A-n)
Nu, kion ? Kial vi min rigardas tiel ? Prefere helpu min ! Ne estas
iu aperturo ! (ekkolerante)
Jam de mi ne scias kiom da tempo mi estas ĉi-tie kaj mi ankoraŭ neniam rimarkis,
ke ne estas pordo. Estas nekredeble, ĉu ? (A
ekhaltas, la aliaj A-n rigardas stupore ; silento ; la aliaj ĉesas rigardi kaj
revenas al siaj okupoj. A prenas la dikan kubon kaj uzas ĝin,
kiel podio por ekparoladi) Bone aŭskultu min,
samĉambranoj ! (nur B aŭskultas A-n) Mi resumas la situacion : unue, ni delonge estas en la sama ĉambro,
sen iu malfermaĵo...
C: (nerigardturnante al A)
Malvere, malfermatas supren !
A: Certe ja, sed estos malfacile por ni eliri tra tiu supro senfina : nia unua
provo por tiu solvo montriĝis neefika. Due, ne plu estas akvo kaj ni komencas
soifi. Nepras do, ke...
B: Trie, oni enuas !
A: Hmm... Mi do diris : nepras, ke oni sukcesu eliri el ĉi-tie por
vidi, ĉu estas akvo aliloke. Nian situacion oni konkulde povas resumi
per unu frazo : endas eliri el ĉi-tie !
C: (ironie) Por ŝanĝi
al si la ideojn, ĉu ne ?
A: Tiuj, kiuj min kunas, levu la manon kaj decidiĝu !
B: (levegas sian manon)
Mi, mi, mi !
(Silento)
D: (mole levas la manon)
Mi...
(Silento)
A: Nu, bone, tri kontraŭ du ; la plejmulto venkas. Nu, stariĝu ! Ni fariĝos
murrompilo por estigi malfermaĵon en unu el tiuj muroj !
B: (tuj stariĝas) Je ciaj
ordonoj !
D: Ne, dankon, koncerne min, mi ne sentas al mi sufiĉe da forto...
A: (al E) Kaj ci
?
E: Ho, mi ne plu tiom soifas ! Ne indas tiom klopodadi por trovi akvon,
mi povas abstini pri ĝi. Ĝi ja revenos pli malpli iam. Kaj krome... estas
bone ĉi-tie !
C: Tute prave ! Neniel indas iri aliloken, se temas nur pri moviĝi. Oni havas
ĉion, kion oni bezonas ĉi-tie !
B: Krom akvo !
(Silento)
A: Bone... nu do, ni okupiĝos pri tio ambaŭ ; ĉar NI, almenaŭ, ni klopodas
fari strebojn !
C: Ekzakte !
A: Nu, ni vidu unue, kiun muron plej kavas... (A
frapetas ĉiun muron almetante sian orelon sur ĝi)
Punkton ! Ĉiuj sanas malkave, ne unu malsamas la aliajn ! (silento) Bone, oni unue provos
tiun, ekzemple...
(A kaj B pretiĝas por disrompi la muron,
ili sin pelas al ĝi, sed je la lasta momento, tuj antaŭ ili tuŝu la muron,
rektangula malfermaĵo ekmalfermiĝas ene de tiu muro ; eliĝas el ĝi
ekstreme brilega lumo)
A, B kaj D: Ŭoŭ... !!! (ĉiuj rigardas miregigitaj
; C turniĝas por rigardi sed ŝajnigas seninteresiĝon)
A: (al B) Rigardu,
kion estas ekstere !
C: Certe nenio pli interesa ol jam estas ĉi-tie...
A: (al B) Do, kio
estas ?
B: (traigante sian kapon tra la malfermaĵo) Mi nenion vidas ! Tiu lumo senvidigas min !
A: Metu cian manon super ciajn okulojn !
B: Jen estas, mi vidas ! Ŝajnas kvazaŭ koridoro !
C: Nu, kion mi diris ? Nenio interesa...
B: ...Sen iu ajn pordo ĉe la flankoj !
C: Des pli malinterese !
B: Estas koridoro, kiu ne havas finon !
C: (stariĝante kaj alproksimiĝante al la
malfermaĵo) Montru ! tuj ! (C forpuŝas B-n kaj rigardas tra la malfermaĵon sin
ŝirmante de la lumo per sia mano sur la frunto ; C eligas sian kapon, kaj
rigardas al la aliaj ; silento) ...Senfina koridoro
!
AKTO II
Sceno 1
(Longa koridoro neŭtr-kolora, senporda sed plafonata ; nur la malfermaĵo en la muro, de kie oni aŭdas la rolulojn)
A: Nu, ĉu oni iru ?
D: Be... Kien tio direktiĝas ?
A: Mi ne scias, sed oni ja devas iri ien !
B: Mi komencas aranĝi la pretigaĵojn ! Do, ni bezonos unu kubon kaze,
ke ni bezonu ĝin ; kaj ankaŭ unu aŭ du sferoj por...
A: Neutilas preni ion ajn ! Oni nenion bezonas ! ...Krom akvo ; nu
akvo ja estas la celo de nia serĉado !
B: Bone...
(Silento)
A: (al D) Do, ĉu ci venas ?
D: Kompreneble !
A: (al C) Kaj ci
?
E: Be... jes, mi venas. Sed ni foriros iom pli poste ol vi...
A: Nu bone, ekiru ni !
(B eliras kaj A komencas eliri tra la
malfermaĵo)
E: Vi do lasas min sola ?
A: Ĉu ci volis foriri ?
E: Mi ne scias... eble...
A: Se ci decidiĝas, ci tiam sekvos la aliajn !
(A kaj B foriras ; silento)
D: Oni do iru, nune ke la aliaj estas foririntaj
?
C: Ho, tempon oni havas ! Mi restis nur por diri al ci, ke m... (tiu frazo ŝajnas neeltenebla al E)
D: Ho ne ! Ci ne denove ekos ! Ci kvietiĝis dum iu periodo, sed
jen ci rekomencas !
C: Ja, sed...
D: Sufiĉas, mi foriras, mi ne plu eltenas tion ! (D
haste eliras)
C: Ne, mi cin sekvas. Mi tenos min trankvile, mi certigas tion al
ci ! (C eliras)
E: Ej ! Atendu min ! Mi alvenas... (ankaŭ E eliras)
Sceno 2
(A kaj B paŝas en la koridoro)
B: Kion ni precize faras nun ?
A: Ni paŝas !
B: Jes, sed pli precize ?
A: Ni paŝas en koridoro ! (silenteto) Ci rigardu dekstren, ĉu estas pordo, kaj mi rigardas
maldekstren !
(Silento)
B: Kaj poste ?
A: Ni plu paŝu !
(Silento)
B: Kien ni iras ?
A: Antaŭen !
B: Jes, sed kien ?
A: Ni iras tien, kie estos akvo !
B: Kaj kie estos akvo ?
A: (ekkoleriĝante)
Sed ĉu ci ĉesos finfine kun ciaj sensencaj demandoj ! Ni antaŭeniras, kaj
ne scias mi, kien ni iras. Jen ĉio, ĉu sufiĉas ?
(B sin detenas de respondi ; ili paŝas,
longatempe, tre longatempe ; progresive, oni vidas iliajn fortojn malpliiĝantajn
kaj la soifon pliiĝantan ; la lumo iĝas pli kaj pli vigla kaj brila ;
je iliaj okuloj, ĉio ekmalpreciziĝas kaj malklariĝas, ili preskaŭ ŝancelpaŝas)
B: Mi soifas...
(A ne respondas ; ili daŭrigas sian penigan paŝadegon
; subite A sinkas antaŭenfalante, svenante pro soifo kaj fortomanko)
B: Ĉu oni rajtas halteti momenton por ripozi ?
(B ne ricevas respondon ; silento ; A rekoçnsciiĝas
kaj provas pene restariĝi, sin apogante kontraŭ la muron)
A: Ni neniam sukcesos, utilas al nenio pluiri, tiu koridoro finon ne havas,
mi ne plu kapablas, mi restas ĉi-tie...
(A parolas por si mem ĉar B eĉ ne aŭskultas, sed
rigardas malantaŭen)
B: Estas mirige, oni ankoraŭ ne vidas la aliajn alveni ! Ili certe estas treege
for malantaŭe ...aŭ alikaze, ili ankoraŭ ne foriris...
(A lasas sin fali, kun la dorso ĉe la muro, glitigante
siajn manojn kontraŭ la muron ; glitigante siajn manojn, A sentis ion ĉe
la muro ; miro ; A tiam ekpalpas, zorgoplena-miene, ion solidan en la vakuo,
temas pri nevidebla tenilo)
A: (panika) Ej !
Rigardu tion !
B: Kien do ?
A: Tien, rigardu !
B: Sed nenio estas. Ci certe ekhavas viziojn...
A: Ne ! Tuŝu tion !
B: Sed kion do ?
A: La vakuon !
B: Kiun vakuon ? La vakuon tuŝas mi senĉese, neniam ĝin tuŝante
! La vakuon oni ne vidas, dum ĝi estas ĝuste antaŭ oniaj okuloj ! Ni estas
en la vakuo ! Kiel ci do volas, ke mi la vakuon kaptu ? Oni ne povas ĝin
kapti !
A: Ĉu vere ? Ĉu oni ne povas ĝin kapti ? (A firmkaptas
la nevideblan tenilon) Do kio estas tio, se ne
vakuo ? (A tiras ĝin per ĉiuj fortoj,
unu piedo apogata kontraŭ la muro)
B: Montru ! (B palpadas la muron, kaj
fine sukcesas kapti la tenilon) Nevidebla
tenilo ! (B tiras ĝin per la tuta forto,
kaj ili duope provas, sed ili rapide rezignas)
A: Strange, tio ja devas utili al io !
(A reprovas fotege puŝante sur ĝi, kaj denove
rezignas ; dum A refreŝigas siajn fortojn, B tiam ekturnas la tenilon ĝis ĝi
blokiĝu, kaj tiras sur ĝi ; pordo malfermiĝas)
A: Pordo, finfine !
Sceno 3
(D rapide paŝas, C kuras malantaŭe)
C: Atendu min ! Haltu ! Vidu, mi bonkondutas
nun ! (D haltas, kaj C atingas ĝin) Dankon, mi estas tre dankema al ci pro tio !
D: Ci kaj cia ideaĉo foriri poste ! Ni eĉ ne plu vidas ilin, mi
ne scias, kiel ni ja faros por sukcesi ilin reatingi ! Sed...
C: Mi bedaŭras...
D: Nun, mi esperas, ke ci restos kvieta, kiel ci promesis al mi !
(Ili longatempe paŝas ; E ilin atingas diskrete,
sed restas malantaŭ ili ; C kaj D eĉ ne rimarkas tion ; post momento,
D retroturniĝas)
D: Ha ! Ci estas tie ? Venu do kun ni !
E: Ne, dankon, taŭgas tiel...
D: Ĉu ci certas ? Nu, bone, kiel ci volos...
(D returniĝas kaj ili reekpaŝas)
C: Tiuj muroj...
D: Kion, tiuj muroj ?
C: Tiuj muroj...
D: Jes, tiuj muroj, nu kion ili havas ? Estas muroj, jen ĉio
!
C: Tiuj muroj estas...
D: Kiaj do ?
C: Tiuj muroj estas... (silento, kaj
C ekkoleriĝas) Ili estas tiaj, ke ili estas al
mi neeltenablaj, ĉar ili paralelas, eĉ tro paralelas ! Jen kio estas
!
D: Nu, kio estas la problemo en la fakto, ke ili estas paralelaj ?
C: Du muroj paralelaj estas du muroj, kiuj neniam trafos unu la alian :
tio signifas, ke tiu koridoro nenien iras ! Ni estas en senelira situacio...
D: Sed ne, vidu, ni ĝuste havas eliron antaŭ ni. Ne estu do tiel pesimista
!
C: Sed maleblas, mi diris !
D: Nu, ĉio havas finon, ci vidos !
C: Mi vidos nenion ! Nur longegan monotonan koridoron !
(Silento ; ili reekpaŝas, kaj ilia paŝado
komencas iĝi pli kaj pli peniga)
E: Mi ne plu forton havas...
D: Nek mi... (al C) Ĉu
same por ci ?
C: (elĉerpita) Mi
? ...Ne, tute ne ! (silento)
Ĉu ci vere certas, ke ili foriri al tiu direkto ? ...ĉar ni ilin tute
ne plu vidas, ili ĝisfunde malaperis !
D: Jes ja, mi tute certas ! Ne zorgu, ni sukcesos ilin reatingi.
C: Ba ! Ĉiukaze, ili ne tro mankas al mi, tiuj ambaŭ uloj...
(Ili plu paŝas)
AKTO III
Sceno 1
(Ĉambro senmura kaj senplafona, nur la diskreta malfermaĵo de la pordo videbliĝetas ĉe la flanko ; nigr- kaj blank-kvadrata grundo ; denseta brumo ; A kaj B jam estas ene)
A: (kriante) He ! Ho ! Ĉu estas iu ? (silento
; al B) Ĉu ci aŭdis ?
B: Kion ?
A: Ĉu ci aŭdis ion ?
B: Ne, nenion aŭdis mi, tute nenion.
A: Ej punkt', ja estas tio, kion mi opiniis !
B: (maltrankvile)
Kaj nu, kio okazas ?
A: Ne estas eĥo !
B: (trankviligite) Ha
! Estas nur tio. Ci timigis min... (silenteto) Kial do tiom ĝenas cin la neeĥeco ?
A: Ĉu ne ekkonscias ? Se ne estas eĥo, tio signifas, ke tiam estas nek mur
nek plafono !
B: Ĉu ? Mi komprenas...
(Silento)
A: Kuŝiĝu surgrunden !
B: Kiel ?
A: Kuŝiĝu surgrunden !
B: Kial do ?
A: Kuŝiĝu surgrunden, mi diris kaj ne demandu !
B: (obeante la ordonon)
Jen estas, mi surgrundas. Kaj nun, kion mi faru ?
A: Ciaj okuloj grund-nivelu !
B: Jen !
A: Nun diru al mi, kion vidas ci !
B: Nenion !
A: Tute nenion ?
B: Tute nenion !
A: Eĉ ne ombron de muro, silueton, objekton, lumeton, alikoloran kvadraton,
linion, akveron, ...ion ?
B: Ne, ne, tute nenion !
A: (surventre surgrundiĝas siavice) Ci pravas : nenion ! (silento, kaj
A stariĝas) Nu, menciindas, ke brumo estas...
(al B) Stariĝu
! Ni paŝos : eble la brumo disiĝos aŭ oni pli bone vidos pli fore.
(Ili paŝas antaŭen, longtempe)
B: Ĉiukaze, sen muro nek plafono, oni ne plu povos diri nun, ke oni senelirigitas...
A: (seke) Silentu
!
(Silento ; ili plu paŝas ; la brumo pluas)
B: La brumo ne ŝajnas disiĝi...
A: Kuŝiĝu surgrunden !
B: (tuj obeante)
Nenio ĉe l'horizonto !
A: Nenio ĉe l'horizonto... (silento) Stariĝu, ni reekpaŝas ! (ili repaŝadas, kaj
rapidiĝas, kaj kuretas, kaj poste kuras ; la brumas restas daŭre sama) Surgrunden !
(Ili kuŝiĝas surgrunden ambaŭ samtempe, kaj
tiel restas dum momenteto)
B: Nenio !
A: Ĉiam nenio ! La horizonto malplenas, eterne malplenas... (silento, kaj A stariĝas unue)
Nu, venu, ni retroiru. Neniel utilas pluiri tiudirekten ; ni reiru en la koridoron
averti la aliajn ! (B jam stariĝintas ; ili
ambaŭ samtempe duonturniĝas por retroiri ; B unupaŝas, sed A tuj perbrake
tiun haltigas ; A restas tie, stuporigita kaj senspirigita)
Ri... ri... rigardu ! Ĵus antaŭ ni, rigardu !
B: Kion ? Kio tiel terura estas ? Mi nenion vidas...
A: La pordo !
B: Kion ?
A: La pordo !
B: Kie do, la pordo ? Oni ne vidas pordon...
A: Oni ne plu vidas la pordon !
B: Sed kiun pordon ?
A: La pordon, tra kiu ni eniris, oni tute ne plu vidas !
(Silento)
B: Sed certe la brumo ĝin kaŝas ! Kaj nu, ni multe paŝis... Ni invers-direkten
paŝu, ni tiam povas nur ĝin trafi !
A: Sed ne, diras mi ! Ĝi malaperis, estas fakto ! Ni por ĉiam senelirigitas, aŭ
pli ĝuste perdiĝintas en tiu ĉambro : ni neniam eliros el ĝi
! Ĉar oni ne povas eliri ĉambron senmura kaj senplafona, se tian ejon oni
povas nomi "ĉambro"...
B: Nu, ni ja sukcesos iam eliri el ĝi : oni ĝuste povas nur eliri
el ĝi ! Ek, venu, sekvu min !
(B kaptas A-n je la brako kaj devige kuntiras
tiun)
A: Senutilas, ni vane eluzas niajn fortojn ! (silento) Senutilas, mi diras ! Neniel utilas plupaŝi, tio kondukos
nin enien !
B: Kaj kion ci do volas fari tiam ? Halti, sidiĝi surgrunden, atendi kaj lasi
cin malaperi ĉi-tie ? Pli bone iri ien ol nenien !
(Longa silento)
A: (subite revigliĝante)
Ni disiĝos por pli bone elesplori la ejon ! (silenteto) He ! Ho !
B: Kion ?
A: Ĉu ci aŭdas min ?
B: Kompreneble mi cin aŭdas ! Ne necesas tiel krii !
A: Ĉu ci certas, ke ci aŭdas min ?
B: Certe ! Ne estus kialoj, pro kiuj mi cin ne aŭdus !
A: Perfekte ! (A pripensas momenteton) Jen kion ni faros : ni tenos nin doso ĉe dorso, Kaj mi
krios al ci : "He ! Ho !" kaj mi faros unu paŝon antaŭe. Tiam, ci
respondos al mi : "He ! Ho !" kaj ci ciavice faros unu paŝon antaŭen.
Nur post ci estos respondinta al mi, mi rekrios al ci : "He ! Ho !" kaj
refaros unu paŝon antaŭen... kaj ni daŭrigos tiel plu ! Tiamaniere,
ni la ejon esploros pli rapide kaj sen riski perdi unu la alian : ĉu ci
bone komprenis ?
B: Komprenite !
(Ili metas sin dorson ĉe dorso)
A: He ! Ho ! (A unupaŝas)
B: He ! Ho ! (B unupaŝas)
A: He ! Ho ! (A unupaŝas)
B: (sin turnante)
Ej ! Ĉu ci aŭdis ? Estis mia eĥo !
A: Sed ne, sensenculo, estis mi !
B: Ha ? (B tiam remetas sin en la bona direkto) He ! Ho ! (B unupaŝas)
A: He ! Ho ! (A unupaŝas)
B: He ! Ho ! (B unupaŝas)
A: He ! Ho ! (A unupaŝas ; ili tiel daŭrigas
forirante el la scenejo, ĉiu siaflanke)
Sceno 2
(A sola sursceneje, la voĉo de B aŭdiĝas el la kulisoj)
A: He ! Ho ! (A unupaŝas)
B: (fore) He ! Ho
!
A: He ! Ho ! (A unupaŝas)
B: (pli mallaŭte)
He ! Ho !
A: He ! Ho ! (A unupaŝas)
B: (ankoraŭ pli mallaŭte)
He ! Ho !
A: He ! Ho ! (A unupaŝas)
B: (preskaŭ neaŭdebla respondo) He ! Ho !
A: He ! Ho ! (tre mallaŭta murmuro forege) Kriu pli laŭte, cin mi preskaŭ ne plu aŭdas ! (kriegante) He ! Ho ! (silento) Nu kion, ĉu ci respondas
min aŭ ne ? Kion ci atendas ? (A sin turnas) Kaj punkton ! Tio konjektindintus, oni tute ne plu vidas iun
! Eble ne estas tro malfrue... (A ekhastas al B) He ! Ho ! He ! Ho ! Respondu min, se ci min aŭdas ! He ! Ho
! (A eliras kurante)
Sceno 3
(B sola)
B: He ! Ho ! (B unupaŝas
; neniu respondo) He ! Ho ! (B
unupaŝas ; neniu respondo) He ! Ho ! (B unupaŝas ; neniu respondo)
He ! Ho ! (B streĉas la orelon) He ? Ho ? (pli laŭte) He ! Ho ! (silento) Ho ? He ? He ! Ho ! (silento) He ! He ! Ho ! Ho ! He ! Ho ! (silento) Hm, be... ĉu mi faru unu paŝon antaŭen, kiam ci ne respondas
al mi ? (silento)
Ĉu mi konsideru tion, kiel jesa respondo ? (silento) Bone... nu, mi atendas. (silento) Ĉu ci trovis ion ? Akvon ? Pordon ? ...Alian aĵon, eble ? (silento) Ci voku min, ĉu ne,
se ci vidas ion ! (silento)
Mi enuas ! (silento)
Do, kion ni faru ? (B sin turnas) Ho ne, ne estas momento por kaŝi cin, mi ne vidas cin ! Ci mem
diris, ke ni ne perdu unu la alian : se ci plu agas tiel, tio ja fine okazos
!
(B vide serĉas A-n ĉie ; samtempe, A alvenas
el la kulisoj paŝante ; ili nek vidas nek aŭdas unu la alian ; ili parolas
samtempe)
B: Kie ci estas ? Mi ne vidas cin, ĉu ci foras ? Diru al mi, kie ci kaŝas
cin, alikaze ni vere finperdiĝos ! Ĉu ci aŭskultas min ? Respondu min, mi
petas !
A: (parolante samtempe, kiel B) He ! Ho ! He ! Ho ! Haltu kaj atendu min ! He ! Ho ! Almenaŭ
retroiru, se ci min aŭdas ! He ! Ho ! He ! Ho !
(Ili foriras ĉiu siaflanke sen vidi sin reciproke)
Sceno 4
(Oni aŭdas D-n, C-n kaj E-n alveni de la koridoro)
D: Ha ! Unu pordon ! Rigardu ! Ili certe iris tra ĝi,
ni rapidu atingi ĝin ! Kuraĝon, ankoraŭ nur strebeton, ni tuj ilin reatingos
! Eble jam trovis ilin akvon...
(Oni aŭdas ilin alveni ĝis la pordo)
C: Estas strange, rigardu ! Tiu pordo tenilon ne havas : kiel ili ja do
sukcesis ĝin malfermi ?
D: Ne tio koncernas nin ! Ĉar nun ili sukcesis malfermi ĝin kaj eniri enen
! Certe ĝi jam estis malfermita... (al E) Ci hastu atingi nin ! Nu, ni eniru !
(Ili eniras kaj atente rigardas la ĉambron)
C: Kia granda ĉambro ! Oni ne vidas ĝiajn limojn...
E: Ne ŝajnas esti akvo en ĝi, ne utilas resti tie-ĉi...
D: Ne tio gravas ! Male, la aliajn mi ne vidas : probable tiu brumeto ilin vualas...
E: Krom se ili ne estus restintaj ĉi-tie, ne trovinte akvon...
D: Sed ne, ni tiam estus ilin vidintaj en la koridoro !
C: Ej, ĉu vi rimarkis, ke ne estas eĥo ĉi-tie, kiam ni parolas
?
D: Ĉesu do zorgadi pri detaloj tute sensencaj ! Ci tro cin demandadas senutile
! (silento) Ĉu ni
iru ?
C: Atendu ! (C sin turnas aparte al D, tute ignorante
E-n) Antaŭ ol ni reekpaŝos, mi ŝatus diris
al ci ion... (C profunde enspiras) Mi scias, ke mi malplenumas mian promeson, sed mi ne havis la
tempon esprimi al ci tion, kion mi reale sentas al ci...
D: Ha ! Estas tro ! Mi kredis, ke ci trankviliĝis kaj, ke tiu ambigua rilato
inter ni estis finita ! Sed se tiel estas, nu mi tiam tuj diros al ci tion,
kion mi sentas al ci : nenion, neniegon, tutan neniegon ! Kaj nun, mi tuj foriras
reatingi la du aliajn fisensenculojn, kiuj tamen certe malpli sensenculaĉas
ol ci ! Jen, mi lasas cin kun la alia ! Ĝis neniam !
(D foriras hastege ; C pretas postsekvi D-n, sed
E retenas C-on ; C rigardas lastan fojon al D, kiu iras foren kaj malaperas
en la brumon, kaj poste ĝiaj okuloj revenas al E ; E fikse rigardas al C ;
silento)
E: Mi scias, ke... ke mi ne estas la sama. Mi... mi scias, ke... mi
scias tion, kion ci sentis al... Nu, kial, mi intencas diri.... la fakto, ke...
Mi ĉion-ĉi scias, mi tion bone scias ! Sed... pro tio, ke... ke... ke estas
neniego, nu ke... ke tio ŝajnas esti definitiva... (la
dekstra orelo de E alproksimiĝas al la maldekstra orelo de C) Eblus, ke... nu, tia, kia mi estas, mi... eble mi povus... (iliaj ambaŭ oreloj estas tuŝontaj, kiam je la lasta momento
C deturnas la kapon)
C: Ni reparolos pri ĉio-ĉi pli poste ! Nuntempe, ni hastu reatingi la aliajn
! Oni ne plu vidas iun. Ek, ni kuru, ni ne ilin perdu el la vido !
(Ili ekkuras, sed C multe pli rapidas ol E)
E: He ! Atendu min ! Ci pli rapide kuras ol mi ! (C
ne aŭdas E-n) Malrapidiĝu ! Mi cin ne sukcesas
sekvi ! (same) Ci
atendu min ! Vi atendu min ! (E malrapidiĝas,
spirmanka, kaj fine haltas rigardante C-n malaperi)
Tio utilas al nenio daŭrigi, mi neniam sukcesos ilin reatingi, nek iun, nek
la aliajn ! (E sidiĝas surgrunden) Mi nur povas plu atendi...
EPILOGO
(fakultativa)
Ĉiuj lum-ĵetiloj malŝaltiĝas. Mallumo. Neintensa verda lumo aperas funde de la scenejo, kun la skribaĵo "Sav-elirejo" supre de iu pordo, kiun oni ne vidas. La pordo malfermiĝas, eliĝas intensega lumo. Iu balaisto alvenas el tiu pordo kaj ekbalaas la scenejon. Li subite ekrimarkas, ke la spektaklo ne finatas kaj, ke li estas sur la scenejo ; li do salutas anstataŭ la aktoroj.
(unue verkita en Rouen dum decembro 1996, reverkita kaj ambaŭlingvigita en Saint-Brieuc dum decembro 2002)